Aubin Mouillevois, un voyage à travers le temps, dans la France rurale du XIXème siècle

Collection de portraits photographiques d'hommes sur papier pour généathème janvier 2024 - sosa 24.
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Aubin Mouillevois, un voyage à travers le temps, dans la France rurale du XIXème siècle

Dans le cadre du Geneathème de janvier 2024, je vous relate l’histoire d’Aubin Mouillevois, mon sosa 24. Aubin, né en 1853 au cœur de l’Allier, dans une France paysanne en pleine mutation, représente non seulement un maillon essentiel de mon arbre généalogique, mais aussi une figure emblématique d’une époque révolue. Ce métayer, issu d’une lignée humble, nous raconte une histoire de vie ponctuée par une cadence de labeur acharné, et d’amour familial. À travers ses yeux, suivez-moi pour découvrir quelques échantillons des traditions et des défis d’une France rurale au XIXe siècle, une période charnière. Aubin naît en effet sous le Second Empire et meurt en 1933, entre deux guerres mondiales.

Aubin grandit dans une métairie animée, entouré de ses frères et sœurs, où les soins aux animaux et les travaux des champs rythment les journées. Aubin n’a probablement jamais fréquenté l’école. Il s’est contenté de l’éducation pratique dispensée au sein de sa tribu.

L’histoire d’Aubin est aussi celle de ses déplacements, de la ferme familiale à ses propres foyers après son mariage avec Benoîte Charondière. Quelles sont les raisons de ces déménagements successifs ? La fin d’un contrat de métayage ? Des contraintes économiques ? Difficile de le dire.

Enfance et contexte familial

Une famille de métayers

Aubin voit le jour en plein cœur de l’hiver 1853, dans une ferme, au lieu-dit « les Marmes » sur la commune de Saint-Léon, dans le département de l’Allier. Son père, François Mouillevois, accompagné de son beau-père et d’un oncle de son épouse, Aubin et Jean Perroux vont déclarer la naissance à la mairie, devant Charles François JACOB, alors maire et officier de l’état civil.
Les parents d’Aubin, François et Jeanne sont métayers, comme la plus grande partie de la population de la région. Le métayage consiste dans un contrat passé avec un propriétaire terrien. Le cultivateur doit partager une fraction de sa récolte et de toute sa production (du beurre en passant par les volailles) avec son bailleur.

Une enfance au contact de la terre

Mais revenons à Aubin. Il est le deuxième enfant de la famille après Michelle, née en 1849.

Les années passent et Aubin devient le grand frère de quatre autres enfants. Ce sont successivement, Marie, née en 1857 ; martin en 1864 ; Françoise naît en 1866 et enfin Marie vient au monde en 1870.

Vous pourrez remarquer que la fratrie compte deux Marie. Si la plupart du temps, les parents attribuent une nouvelle fois un prénom en souvenir d’un enfant décédé, ici, ce n’est pas le cas.

D’autre part, observez les diverses orthographes du patronyme Mouillevois. Ainsi, au gré des actes d’état civil et de celui qui le rédige, il peut s’écrire Mouillevois ou Mouillois. Cela complique un peu la recherche, mais contribue au charme des explorations généalogiques et nécessite une rigueur plus importante dans les investigations.

Aubin grandit donc à la ferme, au milieu des animaux et en pleine nature. Il n’ira sans doute pas à l’école. En effet, il ne sait pas signer. D’ailleurs, sa fiche matricule militaire le confirme : son degré d’instruction est de 0.

Mariage et descendance

Aubin convole en noces le 10 avril 1875 à Liernolles avec Benoîte Charondière. Il a 22 ans, elle en a 21. Liernolles se situe juste à côté de Saint-Léon. Aubin a perdu son père l’année précédente, le 14 janvier 1874. De son côté, Benoîte est orpheline depuis l’âge de 12 ans. Elle se marie avec l’autorisation de son oncle et tuteur, Antoine Charondière, ainsi que le précise l’acte de mariage.

Il fonde sa propre famille avec Benoîte. Cinq enfants naissent de leur union. Antoine, mon arrière-grand-père, voit le jour le 26 janvier 1876 à Liernolles. S’ensuivent à Montcombroux, les naissances de Michelle en 1878, Jean en 1880, Martin en 1890 et Marie en 1891. Remarquez que l’on retrouve les prénoms de ses frères et sœurs Martin, Michelle et Marie.

Moments clés de la vie d'Aubin

Son service militaire

Aubin n’a pas vraiment fait de service militaire. En effet, sa fiche matricule précise qu’il est dispensé, car il est « l’aîné d’une veuve ». Cela ne l’empêche toutefois pas d’accomplir plusieurs périodes d’exercices en septembre 1880, septembre 1882 et en mai 1885.

Le document nous apprend également qu’il a les cheveux châtains, les yeux gris, le nez épaté et le visage ovale. Il mesure 1,62 m. Il a eu la variole et en porte des traces.

Vue de la ferme de la Loge Prunier à Vaumas, vue Google Street View

Une vie quotidienne marquée par le travail de la terre et les déménagements

Jusqu’à son mariage, Aubin vit et travaille à la ferme tenue par son grand-père Aubin Perroux. Elle se situe au domaine des Bons-Coeur à Liernolles. Au recensement de 1872, ils sont pas moins de 16 à habiter ensemble. Deux foyers composent l’exploitation agricole, celui d’Aubin Perroux, métayer et son épouse, Michelle Martinant et celui de François Mouillevois et Jeanne Perroux. Rien d’extraordinaire à cette composition toutefois. Cette région orientale du département de l’Allier, région de bocage, se caractérise alors par le métayage. N’imaginez pas de petites fermes. La plupart de métayers sont alors à la tête d’une exploitation agricole d’environ 50 à 60 hectares. Une telle superficie nécessitait beaucoup de bras.

Après leur mariage en 1875, le couple s’installe dans une autre commune voisine de Saint-Léon et Liernolles, à Montcombroux, au lieu-dit Le Perron. Jeanne Perroux, mère d’Aubin s’établit avec eux, ainsi que son frère et sa sœur, Martin et Françoise. Dès le recensement de 1881, nous les retrouvons dans la ferme voisine des Paquiers, toujours sur la localité de Montcombroux.

Le couple déménage entre le dénombrement de 1896, où je les trouve encore à Montcombroux et 1901, où je les débusque à Vaumas, au domaine de la Loge Prunier. Ce recensement apporte une information très intéressante pour le généalogiste : l’identité de l’employeur ou du propriétaire pour lequel travaille le chef de ménage. C’est ainsi que je peux affirmer que mon aïeul est alors métayer pour un certain Bargheon. Je le retrouve dans cette ferme jusqu’au recensement de 1911.

Lors du décompte suivant, en 1921, il vit désormais chez son gendre, François DEVAUX, époux de sa dernière fille, Marie. Les recensements le présentent jusqu’en 1931, soit comme cultivateur, soit comme domestique travaillant pour son gendre.

Carte géographique Est département de l'Allier montrant région où a vécu Aubin Mouillevois

Un décès accidentel

Au moment où j’écris cet article, il me manque l’acte de décès de mon aïeul. Je sais toutefois, par le biais d’une de mes cousines, également passionnée de généalogie, qu’il est mort le 23 avril 1933. Il est parti accidentellement, d’après le journal « Le Progrès de l’Allier » en date du 26 avril 1933. Ses proches (enfin, je le suppose) retrouvent son « corps à moitié immergé dans une fontaine ». Le journaliste écarte l’éventualité du suicide. J’ai entendu un cousin évoquer, il y a quelques années, ce décès et l’hypothèse d’une mort volontaire.

La vie d’Aubin Mouillevois, mon sosa 24, se déroule donc dans la France rurale du XIXe siècle. Ce maillon essentiel de mon arbre généalogique naît en 1853 et grandit dans une ferme au milieu d’une famille de métayers. Il évolue dans un environnement de dur labeur.
L’histoire de mon aïeul Aubin résonne-t-elle en vous ? Avez-vous rencontré des ancêtres au profil similaire dans vos recherches généalogiques ?
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vaches dans un pré à la campagne